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CAMP DE RAVENSBRU¨CK

L'ENFER DES FEMMES

Lieux de Répression et de Déportation

Camp de Concentration

Localisation

A proximité de Fürstenberg an der Havel (une ville de Brandeboug), à 80 km au nord de Berlin, en Allemagne

 

Historique (dates importantes)

Novembre 1938 : ouverture du camp

 

Eté 1940 : création de l'entreprise textile SS (travail forcé)

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Avril 1941 : petit camp pour hommes ajouté à Ravensbrück

 

A partir de 1942, Ravensbrück utilisé comme camp principal d'entraînement pour les gardiennes SS

 

Printemps 1942: opération “14 f 13” qui continue jusqu’à la libération du camp. C’est l’exécution et le gazage de femmes considérées comme plus aptes au travail

 

Juin 1942 : construction du “camp de jeune”; 1 200 détenus âgés de 18 à 21 ans

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Types de détenus

Essentiellement des femmes de toute l'Europe occupée mais aussi des hommes pour assurer la construction du camp

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Capacité maximale

23 000

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Total des détenus

123 000 femmes et 20 000 hommes​

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Nombre de décès

2 500 hommes; 28 à 29 000 femmes y sont mortes dont la moitié les 4 derniers mois

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Unités de production dépendant du complexe

Cité manufacturière comprenant des entreprises de textile (Texled), un petit camp pour hommes, un camp d’internement administratif de jeunes d’Uckermark, une filiale du groupe d’industrie Siemens (“camp Siemens”)

 

Kommandos : production agricole, travail dans l’industrie locale, fabrication d’armes et de munitions

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Installations spécifiques

2 chambres à gaz

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Expériences pseudo-médicales

Stérilisations et expériences osseuses

Ce Jugendlager était l'antichambre de la mort

Au moment où fut créé le Jugendlager toutes les précautions furent prises pendant les premiers jours pour donner confiance aux malades et aux femmes affaiblies qu'on y envoyait. En particulier, le camp fut doté d'un Revier qui devait être dirigé par une doctoresse prisonnière française parfaitement honorable et connue comme telle (5-10 décembre 1944).

 

Bien entendu, la comédie ne dura pas, car on sut tout de suite que le Revier en question n'avait ni médicament ni chauffage et pas même de paillasses, et que les malades qui arrivaient au camp étaient immédiatement dépouillées de leur manteau et de tous leurs lainages et obligées de rester debout dans la neige pendant des journées entières presque sans nourriture, principes qu'on retrouve dans beaucoup de camps d'extermination et qui semblent n'avoir aucune raison d'être, car les plus malades, précisément, étaient gazées chaque soir.

 

 

Ce surcroît de souffrances était donc gratuit et ne servait même pas à économiser du gaz. Je souhaite vivement que les magistrats chargés d'instruire les procès des commandants Suhren et Schwartzhuber essaient de savoir à quel principe ou à quelle circulaire cela correspondait.

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Les doctoresses et infirmières, au bout de quelques jours à peine, furent rappelées au vieux camp, mais, ce qui semble ahurissant, c'est que le Revier fut théoriquement maintenu, avec comme personnel médical deux SS, dits Sanitätsdienst, nommés Rose et X... (dont le rôle exclusif était d'assommer les malades qui refusaient d'avaler le poison) et une prisonnière appelée Vera Salvequart, véritable monstre, qui était chargée de l'empoisonnement.

 

 

Quand un contingent de femmes arrivait au Jugendlager, elles étaient réparties dans les blocks et soumises au froid et à la faim intense, mais un petit nombre d'entre elles, prises rigoureusement au hasard, étaient réservées pour le prétendu Revier et là mouraient, soit de misère, soit par le poison. Ce fut le cas d'une de nos camarades, agrégée de lettres, jeune femme réservée et exquise, d'une culture originale et profondément réfléchie, qui mourut assommée pour avoir refusé d'avaler sa dose.

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La seule explication plausible de cette incohérence et de cette complication apparentes est, à mon avis, une ventilation de la mortalité, dont je présume qu'elle est une invention du commandant Suhren.

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Sur le registre du camp, les femmes envoyées à la chambre à gaz figuraient sous la rubrique « parties pour le camp de Mittwerda », ou « sana », ce qui fait que, sur le papier, le Jugendlager était un camp extraordinaire, où l'on ne mourait presque pas. Au contraire, les femmes qui étaient empoisonnées ou assommées au Revier figuraient comme mortes de mort naturelle sur les registres, et il en fallait tout de même quelques-unes pour la vraisemblance. Mais vis-à-vis de qui ? Qui voulait-on tromper ? Les prisonnières, peut-être ? Mais celles-ci voulaient absolument croire à l'histoire de Mittwerda, ne se souciaient pas de statistiques et risquaient d'être beaucoup plus frappées par les horreurs qui transpiraient sur ce simulacre d'hôpital que par une invraisemblance dans les chiffres qu'elles avaient beaucoup de chance d'ignorer. Par fétichisme administratif ? Peut-être. Le commandant rêvait sans doute d'une extermination totale des témoins, d'un nettoyage par la mort, et dans un camp totalement vide et impeccablement ratissé par la dernière prisonnière, de belles statistiques prouvant qu'on y mourait moins qu'ailleurs et que tout y était « parfaitement correct ».

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Mais même de ce Jugendlager, qui était l'antichambre de la mort, il y a des femmes qui sont revenues. Et même de ce Revier du Jugendlager il y a des survivantes : une en particulier, très habile à l'aiguille, avait commencé je ne sais quel tricot ou quelle broderie pour la redoutable Vera Salvequart.

 

 

Chaque soir, Vera exigeait que le travail fût terminé le lendemain, mais la malheureuse inventait chaque matin une nouvelle fleur ou un nouveau feston et, entre-temps, étant nourrie, reprenait des forces. Il y avait parfois des récupérations de main-d'œuvre au Jugendlager. Elle a fait partie de l'une d'elles.

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Germaine TILLION, Cahiers de Ravensbrück, La Baconnière, Neuchâtel, 1947

carte kommandos_ravensbruck.jpg

Dès l’arrivée au pouvoir des nazis en 1933 des camps de concentration voient le jour en Allemagne.

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Le camp de Ravensbrück est mis en service de novembre 1938 à mai 1945. Il se situe en Allemagne, à 80 kilomètres au nord de Berlin, près de Fürstenberg an der Havel, un village de Brandebourg.

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Ravensbrück est le plus grand camp de femmes du système concentrationnaire nazi avec celui d’Auschwitz Birkenau, centre de mise à mort en Pologne. Il est entré dans l’histoire des camps nazis comme « l’enfer des femmes ». En effet, 130 000 femmes sont déportées à Ravensbrück alors que seulement 20 000 hommes y sont passés comme réservoir de main-d’œuvre pour les incessants travaux d’agrandissement du complexe concentrationnaire.

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Pendant le mois de novembre 1938, le camp est ouvert dans le but de faire travailler les déportés. Au début, il était seulement à destination des femmes qui sont utilisées notamment pour travailler dans une entreprise de textile SS fondée pendant l’été 1940. Petit à petit, le camp commence à se diversifier et un camp pour hommes est construit. Ravensbrück comprend beaucoup d’autres structures dont plusieurs kommandos de travail dans l’agriculture, dans l’industrie locale mais aussi dans l’armement avec la construction de munitions et d’armes, un camp d’internement pour jeunes filles entre 16 et 21 ans de l’Uckermark (à 1,5km du camp principal)  ainsi qu’une filiale du groupe industriel Siemens & Halske.

 

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8 000 françaises sont déportées entre 1943 et 1944 dans ce camp comme Laure Diebold, Simone Michel-Lévy ; beaucoup y arrivent des convois massifs partis de Compiègne comme ceux de 1943. Elles sont rapidement transférées vers des kommandos de travail forcé, comme Marcelle Henry, Michelle Agniel à Torgau.

On peut également citer Geneviève De Gaulle-Anthonioz qui livre un témoignage poignant de son expérience dans son roman La traversée de la nuit ou même Germaine Tillion.

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Comme vu précédemment, le camp de Ravensbrück est un camp de concentration mais pendant une période, il est aussi le camp de formation des gardiennes SS. Au printemps 1942, l'opération “14f13” est mise en place. Environ 1 600 femmes parmi lesquelles presque toutes les Juives du camp sont ainsi tuées ou assassinées dans des chambres à gaz ou par injection de morphine ou de phénol parce qu’elles sont inaptes au travail ou infirmes. Suite à ces mesures, la menace de la mort plane encore plus sur Ravensbrück.

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Comme dans beaucoup d’autres camps, des expériences dites pseudo-médicales ont lieu à Ravensbrück. En effet, des hommes se prétendant docteurs faisaient des expériences sur des humains pour tester des vaccins ou des remèdes.

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Face à l’avancée des troupes soviétiques, les évacuations des camps de concentration ont lieu. A partir de mi-janvier 1945, Ravensbrück devient donc une sorte de centre d’accueil pour les déportés des autres camps, comme de celui d’Auschwitz par exemple.

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En mars 1945, le camp de Ravensbrück, comme presque tous les autres camps connait “l’évacuation” devant l’arrivée de l’armée rouge ; les nazis font fuir tous les déportés vers d’autres camps plus à l’ouest. Ainsi fin mars, 5 600 prisonnières sont envoyés dans les camps de Bergen Belsen et de Mathausen. Ces évacuations, encadrées par des S.S et des gardiens sont suivies de « Marches de la Mort » dont celles fin avril où plus de 20 000 femmes et presque tous les hommes du camp participent. Ils doivent marcher et parfois courir pendant des dizaines de kilomètres, mourant de faim, de fatigue et parfois de froid. Les quelques déportés restés au camp de Ravensbrück, ayant “échappé aux « Marches de la Mort », sont libérés le 29 et 30 avril par l’Armée Rouge.

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Dans le camp de Ravensbrück, entre 28 000 et 29 000 femmes déportées sont mortes. Elles sont mortes de maladies, de faim, d'épuisement, de mauvais traitement. Des milliers sont assassinées, par gazage ou injection.

 

Texte rédigé par Camille BOBROFF

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